La résistance à l’insuline : l’autre pandémie

Nous disposons aujourd’hui d’un tout petit peu de recul par rapport à l’épidémie de Covid-19 et les conditions de son développement. Des investigations scientifiques récentes ont montré qu’en dehors de l’âge, l’obésité est le deuxième principal facteur de risque de développer une forme grave de la maladie. Elle double en effet le risque d’hospitalisation chez les patients de moins de 60 ans. En outre, elle va souvent de pair avec d’autres troubles, tels que l’hypertension artérielle et le diabète de type 2, qui constituent des facteurs de risques (comorbidités) supplémentaires.

Plusieurs pistes sont avancées pour expliquer les mécanismes impliqués dans cette corrélation, et notamment le fait que les personnes obèses sont plus sujettes aux fameux « orages de cytokines », cette réaction inflammatoire exagérée du système immunitaire.

L’excès de tissu adipeux, et en particulier du tissu adipeux viscéral, celui qui se niche autour des organes et/ou dans le foie et augmente le tour de taille, semble jouer un rôle majeur dans cet emballement inflammatoire. En effet, ce tissu adipeux hypertrophié libère, de façon continue, des résidus métaboliques qui activent le système immunitaire et entretiennent une inflammation chronique. Cela rend les personnes concernées plus vulnérables non seulement à la Covid-19, mais à toutes une série d’autres maladies.

Face à une infection, notre système immunitaire réagit en sécrétant des cytokines pro-inflammatoires. C’est l’interaction entre ces cytokines et les cellules adipeuses qui induirait l’inflammation excessive. Les cytokines provoqueraient une libération massive d’acides gras et de glucose dans l’organisme, accentuant le processus inflammatoire. Ces acides gras et sucres favoriseraient la réplication du virus, en lui apportant de l’énergie, et faciliteraient son entrée dans les cellules infectées et la dissémination de nouvelles particules virales.

La prévalence de l’obésité en Belgique est de 16% de la population adulte (source : Sciensano). Cependant les personnes obèses ne sont vraisemblablement pas les seules concernées par cette problématique. La résistance à l’insuline, trouble métabolique qui peut exister aussi chez des personnes en apparence minces, favorise le stockage de graisse inflammatoire au niveau abdominal. Cette résistance à l’insuline est principalement liée à la sédentarité et à la malbouffe (consommation de sucres à index glycémique élevé, de graisses transformées riches en oméga 6 et d’aliments ultra-transformés).

La résistance à l’insuline est très largement répandue au sein de la population belge. Elle concerne au minimum 1 personne sur 5, et sa prévalence ne cesse d’augmenter d’année en année.

Il apparaît donc que nous devons actuellement faire face à 2 pandémies : la résistance à l’insuline et la Covid-19 qui sont interdépendantes.

En l’attente d’en savoir encore davantage sur les mécanismes de la Covid-19, on peut affirmer qu’agir sur la nutrition et le mode de vie sont des mesures de prévention essentielles. Il est bien établi qu’une alimentation équilibrée de type méditerranéen associée à une activité physique régulière est extrêmement efficace pour calmer l’inflammation chronique qui affecte les personnes concernées par l’obésité, le (pré-)diabète ou le syndrome métabolique.

De manière plus générale, si nous voulons être mieux armés face à une éventuelle nouvelle pandémie, quelle qu’elle soit, il est urgent de mettre l’accent sur la prévention santé globale, qui va de pair avec le renforcement du système immunitaire.

Dans cette optique, la lutte contre le fléau de la résistance à l’insuline est centrale, étant donné le rôle majeur qu’elle joue dans le développement de la plupart des maladies de civilisation par l’entretien d’un terrain inflammatoire chronique.

Hélène Wacquier

Sources :

  • N. Vitale, Covid-19 : les pistes pour comprendre pourquoi l’obésité est un facteur de risque, https://theconversation.com/, sept. 2021
  • La véritable pandémie est la résistance à l’insuline, https://french.mercola.com/, mai 2020
  • Scheen, Obésité et risque de COVID-19 sévère, Revue Médicale Suisse, 2020

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