Prévenir le baby blues et la dépression du post-partum
Prévenir le baby blues et la dépression du post-partum
Vous venez d’accoucher, bébé est enfin là ! Vous imaginiez ce moment comme le plus beau de votre vie. Pourtant, une foule de sentiments contradictoires jouent les trouble-fêtes: joie, tristesse, anxiété, irritabilité, culpabilité. Vous passez brutalement d’un état à l’autre et pleurez pour un rien…Vous êtes victime du baby-blues, comme beaucoup d’autres jeunes mamans. Attention toutefois si les symptômes persistent plus de 15 jours !
Que sont le baby-blues et la dépression du post-partum ?
Le baby-blues (bb) est un état de confusion et de tristesse transitoire qui survient peu après l’accouchement et se dissipe spontanément endéans une quinzaine de jours. Il touche 50 à 80% des nouvelles mamans.
Dans 20% des cas, les symptômes persistent plus longtemps. Le bb se mue en une véritable dépression du post-partum (dpp). Les femmes concernées peuvent se trouver dans un état de grande détresse émotionnelle pendant plusieurs mois : fatigue extrême, tristesse, culpabilité, sentiment d’être une mauvaise mère… Cette situation peut avoir des conséquences graves, notamment affecter la relation d’attachement entre la maman et son nouveau-né, avec le risque d’entraver le développement cognitif de l’enfant.
Contrairement au bb, la dpp est donc un trouble sérieux, qui doit absolument être identifié et pris en charge le plus rapidement possible, ce qui n’est malheureusement n’est pas toujours le cas, faute de sensibilisation suffisante des futures mamans à cette problématique.
D’où viennent ces troubles ?
Causes physiologiques
Ils sont en grande partie liés au bouleversement hormonal qui advient avec l’accouchement : les hormones de la grossesse (œstradiol, progestérone…) chutent brutalement, tandis que d’autres augmentent rapidement, notamment la prolactine en vue de l’allaitement. Le pic des symptômes intervient souvent vers le 5ème jour suivant l’accouchement, moment où les changements hormonaux sont à leur comble.
Des études ont également mis en évidence le rôle de la monoamine oxydase (MAO-A), une enzyme dont la concentration dans le cerveau augmente temporairement 5 jours après l’accouchement et qui entrave la sécrétion de neurotransmetteurs impliqués dans l’humeur positive (dopamine, noradrénaline, sérotonine). Dans la dpp, cette enzyme inhibitrice se maintient à un niveau élevé au lieu de revenir spontanément à la normale après quelques jours.
Carences
Les carences en certains (micro-)nutriments favorisent l’émergence du bb et de la dpp, en particulier les oméga-3, dont le rôle bénéfique dans la lutte contre la dépression est bien documenté. Le fœtus puise en effet une grande quantité de DHA dans les réserves de sa mère afin de pourvoir au développement et à la maturation de son système nerveux. De même, des carences en vitamine C, fer, zinc, magnésium ou vitamines du groupe B peuvent favoriser la perte d’énergie et des troubles de l’humeur de la nouvelle maman.
Facteurs psychologiques
La venue d’un enfant est un bouleversement majeur dans la vie des nouveaux parents. Ils peuvent se sentir démunis et anxieux face à l’ampleur de la nouvelle responsabilité qui leur incombe.
Certaines mamans vivent très mal les sensations physiques temporaires qui suivent l’accouchement : sensation de «vide» après 9 mois de fusion totale avec leur enfant, douleurs pelviennes, montée de lait, ventre mou et déformé, surpoids résiduel…
Que faire pour prévenir les risques de bb et de dpp ?
Parlez-en !
Parlez de votre trouble émotionnel à votre entourage familial, amical et médical ! Les sages-femmes sont des personnes de choix pour vous conseiller et vous soutenir. Si votre bb se prolonge au-delà de 15 jours, envisagez un suivi médical et psychologique dès que possible.
Ne vous mettez pas la pression
Reposez-vous le plus possible, faites des siestes lorsque vous en ressentez le besoin, faites-vous aider pour les tâches du quotidien. Ne culpabilisez pas et oubliez de vouloir être parfaite! Baladez-vous au grand air, respirez, méditez !
Soignez votre alimentation
Optez pour une assiette à haute densité nutritionnelle, riche en légumes et fruits colorés (½ de l’assiette), en glucides à index glycémique bas (céréales complètes et légumineuses), en protéines de qualité (œufs fermiers, viandes maigres, poissons…), en graisses originelles (noix, graines, huile d’olive et de colza…). Augmentez vos apports en EPA et DHA (petits poissons gras tels que maquereaux, sardines, anchois, et œufs fermiers bio).
Respectez votre chronobiologie
Mangez protéiné le matin pour favoriser la production de dopamine et de noradrénaline, les neurotransmetteurs du tonus physique et intellectuel, et plus végétarien le soir pour favoriser la sécrétion de sérotonine, hormone du bien-être, et de mélatonine, nécessaire à un sommeil récupérateur.
Complémentez-vous si nécessaire
Faites régulièrement évaluer votre statut micro nutritionnel. Faites-vous conseiller une complémentation adaptée en cas de carences (fer, zinc, vitamines B, oméga-3…). De compléments de tyrosine le matin à jeun et de tryptophane dans l’après-midi peuvent également aider à retrouver plus rapidement un équilibre des neurotransmetteurs.
Allaitez votre bébé
Sachez que l’allaitement maternel aiderait les mamans à se prémunir efficacement du risque de dpd, outre tous ses autres avantages pour la mère et l’enfant.
Hélène Wacquier